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Enseignement de la littérature : L’approche par compétences a-t-elle un sens ?

L’approche par compétences oriente désormais la plupart des programmes d'enseignement. Elle suscite conjointement un certain nombre de débats. La notion de "compétence de communication" (Hymes, 1973, trad. 1984) permet de rapprocher efficacement un certain nombre des apprentissages en jeu dans la classe de français. Qu'en est-il des apprentissages plus étroitement liés à la culture littéraire ? Pour ouvrir la discussion, on a demandé à six chercheurs de dire ce que, de leur point de vue, la notion de compétence pourrait apporter à l’enseignement de la littérature. Il s'agit d'Anne Jorro (Université de Toulouse, UTM, CREFI-T), de Brigitte Louichon (Université Bordeaux 4 – IUFM d'Aquitaine et Équipe TELEM/Modernités – Université Bordeaux 3), d'Hélène Crocé-Spinelli (IUFM de Basse Normandie, Laboratoire CERSE, Université de Caen),de Jean-Louis Dumortier (Université de Liège), de Noëlle Sorin (Université du Québec, Trois Rivières) et d'Yves Citton (Université Grenoble III -Stendhal & UMR LIRE CNRS 5611). La discussion est ouverte : vous pouvez adresser vos contributions à l'adresse électronique ci-jointe (Format word, 5000 signes minimum).

Page Introduction
 
File Anne Jorro : D’une épistémologie de la connaissance vers une épistémologie de l’action
Partir de l’activité de l’élève pour tendre vers les contenus de savoirs implique un changement épistémologique considérable qui se traduit par une modification profonde de la professionalité enseignante.
File Brigitte Louichon : L'abstraction étonnante
La littérature est-elle une discipline comme une autre? Telle est la question abordée à partir de la notion de compétences à l'école primaire. L'analyse des programmes de 2002 (et ses évolutions en 2007 puis en 2008) montre le statut particulier de la littérature. En effet, celle-ci ne se décline pas comme les autres disciplines en compétences disciplinaires et compétences langagières. La conception qui s'en dégage (et qui est discutée ici) est celle d'une "littérature-langage".
File Hélène Crocé-Spinelli : Quand l'approche par compétences à l'école élémentaire peut être favorable au développement des processus interprétatifs des élèves : le cas du débat littéraire.
Dans cet article, j’ai choisi de répondre à la question de l’approche par compétences de l’enseignement de la littérature à l’école élémentaire, en présentant une recherche portant sur la pratique du débat littéraire au cycle 3. J’analyse un court extrait d’un débat littéraire, et montre la pertinence de cette situation didactique pour l’enseignement des multiples compétences que requiert la lecture littéraire : je mets au jour, d’une part le processus interprétatif engagé à partir du partage des réactions subjectives des lecteurs au texte, d’autre part des compétences complexes de lecture littéraire qui sont mobilisées dans la dynamique de l’interaction et enfin les gestes professionnels très finement ajustés que cette situation de lecture complexe nécessite.
File Jean-Louis Dumortier : Formation littéraire et compétences
Après avoir justifié son choix de l’expression « formation littéraire », l’auteur situe cette dernière au sein de la discipline « français » et cette discipline elle-même dans le programme général d’éducation et d’instruction de la Communauté française de Belgique. Il plaide pour la formation d’un « amateur éclairé » des œuvres littéraires et il s’attache à définir les « taches-problèmes » concourant à la réussite de cette formation. Il met en garde contre la tendance à considérer la réalisation de ces tâches comme des fins alors qu’elles ne sont que des moyens de développer des compétences.
File Noëlle Sorin : Prise en compte du jugement esthétique dans la compétence à apprécier des œuvres littéraires au Québec
Les Programmes de formation de l’école québécoise du primaire et du secondaire, premier cycle, prennent dorénavant en compte la compétence des élèves à apprécier des œuvres littéraires. L’analyse plus poussée de cette nouvelle compétence révèle cependant que le jugement esthétique est à peine abordé. Il s’avère une habileté qui mobilise très peu de connaissances littéraires et culturelles, et évacue la réflexion sur la valeur des œuvres. La mise en réseaux de lectures des classiques pour la jeunesse articulés à des œuvres plus contemporaines pourrait être une avenue didactique pertinente à la formation au jugement esthétique.
File Yves Citton : "La compétence littéraire : Apprendre à (dé)jouer la maîtrise"
À la question "Qu’apprend-on en étudiant la littérature ?", cet article répond : "à jouer la maîtrise et à la déjouer". Il commence par définir l’activité interprétative à l’aide de la notion de « transduction », reprise de Gilbert Simondon, avant de tirer quelques conséquences de cette définition. Il esquisse ensuite huit propositions, illustrées par divers emprunts à Diderot, Potocki, Barthes, Deleuze et Rancière, pour comprendre comment la maîtrise littéraire peut être jouée pour déjouer la maîtrise dont se parent les savoirs dominants.
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