Présentation

L’animal a un rôle majeur dans l’équilibre de notre écosystème et pourtant, « la présence massive et stupéfiée des bêtes aux côtés des hommes » (Bailly) qui s’est longtemps perpétuée dans l’univers de la campagne et de la ferme est en passe de devenir un souvenir lointain d’une humanité assez largement urbanisée. Quelque chose s’est perdu de cette intimité ancienne entre l’homme et l’animal. Que comprendre dès lors de ce qu’il en reste : ce compagnonnage de la petite enfance avec les animaux réels ou fictifs ? A quoi correspond cette médiation animale qui paraît être un intermédiaire obligé de la vie affective, de la vie sociale, de la construction de soi ?

 Le séminaire BEES se propose de décliner sur deux années des approches pluridisciplinaires consacrées à la découverte de la vie par les enfants à travers le monde animal et en particulier dans l’espace de l’école, privilégié pour les apprentissages, à travers les situations pédagogiques qui y sont préconisées. Toutes les approches seront sollicitées (anthropologique, sociologique, psychologique, scientifique, littéraire…) et la réflexion proposée portera sur toutes les modalités de la « présence animale » : présence effective ou figurée, figuration à prétention documentaire ou fictionnelle, etc.

Organisation

Ce séminaire BEES s’inscrit dans le projet Savoirs, acteurs, et pratiques scientifiques à travers l’enseignement de l’histoire et de la littérature à l’école. La production des connaissances entre imaginaire et savoirs : le prisme des « humanités » (Cluster 14). Il entre en complémentarité avec le séminaire consacré à la représentation des sciences et la figure du scientifique à l’école. Il est conduit par l’équipe « Enseignement et Humanités » de l’INRP en collaboration avec l’équipe ACCES et en partenariat avec l’équipe TRAVERSES 19-21 (Grenoble 3) et l’Université Lyon I – IUFM (PRALIJE). Il est porté par l’AO ISCC 2008, Programme Interdisciplinaire de Recherche.

Le premier séminaire, le 5 et 6  octobre 2010, est consacré aux « petites bêtes »

La coccinelle, la puce, la grenouille, la souris, l’escargot etc.  sont des acteurs très présents sur la scène de la petite enfance. Des comptines célèbres, des albums, des contes mais aussi des jeux ou des ouvrages documentaires présentent un univers peuplé de tout petits animaux.
De l’animal de compagnie aux toutes petites bêtes présentes dans l’environnement immédiat (les insectes par exemple), des animaux réels aux jouets et aux personnages anthropomorphes des récits enfantins, de la rencontre fortuite à l’observation systématique et orientée qu’est-ce qui se joue de l’avenir de l’enfant et de son rapport au monde et au savoir dans sa relation avec le monde animal ? Qu’est-ce qui se construit sur le plan affectif, social, cognitif ?
Plusieurs axes de réflexion peuvent aider à structurer les contributions sollicitées à organiser la succession des interventions.

Un inventaire et une classification du bestiaire « miniature », des objets ou des œuvres qui les représentent ; une réflexion sur la spécificité du petit animal : petits animaux,  petits d’animaux, gros animaux miniaturisés ;

     La question des rapports complexes entre la construction de l’imaginaire (l’anthropomorphisme par exemple) et la construction des savoirs : l’articulation entre la connaissance du vivant, et la représentation des relations sociales et l‘appropriation  de valeurs morales ? 
     Les mises en récit du petit animal dans la littérature documentaire et de fiction dans un contexte de plaisir ou avec des finalités pédagogiques.


Une place de choix sera ainsi faite à l’animal comme archétype littéraire : il tient en effet  dans le monde enfantin une place essentielle et fondatrice : héros anthropomorphe, objet transitionnel (et son espèce éponyme, le « doudou »), l’animal en littérature signe souvent la première rencontre avec le vivant. Dans un contexte éducatif de plus en plus urbain, la relation au vivant passe par la littérature, et, loin de s’inquiéter d’une possible  confusion des genres, il faut profiter de cette forme d’hybridation des savoirs. L’initiation d’une relation forte au monde animal est le gage d’un développement personnel harmonieux, mais pas seulement : la préservation de la biodiversité passe par la multiplication des interactions entre l’homme et son environnement. Au cours de ces journées nous serons particulièrement attentifs à l’engagement de la littérature de jeunesse, notamment anglo-saxonne, en ce domaine.

Cette démarche procède en partie de celle de la « pédagogie de l’alternance », ou encore « écoformation » : une approche artistique de la réalité scientifique est possible, car les modes d’apprentissages sont complémentaires.